Question à Madame Cécile Jodogne, ministre de la Santé
M. André du Bus.- Le 26 septembre dernier, l'Organisation des Nations unies (ONU) organisait le premier sommet international sur la tuberculose en marge de son Assemblée générale. L'an passé, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait annoncé que la tuberculose avait devancé le sida parmi les maladies infectieuses les plus meurtrières, devenant ainsi la neuvième cause de mortalité dans le monde. La tuberculose est donc loin d'être une maladie du passé. En témoignent les 10,5 millions de personnes qui ont contracté cette grave maladie des poumons en 2016 : 1,7 million en sont mortes. La tuberculose est pourtant une maladie que l'on peut prévenir, traiter et guérir. Dans notre pays aussi, des cas de tuberculose et de gale ont été découverts au parc Maximilien. À l'issue de ce sommet, les chefs d'État présents se sont engagés à mettre un terme à la pandémie de tuberculose d'ici à 2030, mais aussi à lever 13 milliards de dollars par an pour atteindre cet objectif. La dernière fois que nous avons abordé le sujet, en octobre 2017, nous avons évoqué le Plan d'action bruxellois de lutte contre la pauvreté. Vous avez annoncé que la lutte contre la tuberculose s'inscrivait précisément dans ce plan qui devait encore être approuvé par les différents gouvernements. Vous n'étiez pas en mesure d'énoncer les initiatives qui devaient être prises. Maintenant que le Gouvernement a donné son feu vert pour le Plan d'action bruxellois de lutte contre la pauvreté, pouvez-vous nous en dire davantage sur les initiatives qui doivent être prises afin de lutter contre la tuberculose, qu'on appelle parfois la maladie de la pauvreté ? Par ailleurs, vous aviez évoqué la tenue d'un groupe de travail technique au niveau fédéral le 17 février 2017. Depuis lors, d'autres réunions de ce groupe de travail ont-elles eu lieu ? Dans l'affirmative, combien ? Quels thèmes ont été abordés ? À la suite de ces différentes réunions et groupes de travail thématiques et techniques, quelles sont les pistes d'action prioritaires que vous pouvez identifier et dont vous pouvez nous parler aujourd'hui ? Une concertation intergouvernementale et intersectorielle autour de la tuberculose est-elle en cours ? Je pense ici à la situation des migrants. Il faut rappeler la responsabilité de l'État fédéral dans l'accompagnement de ces populations.
Mme la présidente.- La parole est à Mme Jodogne.
Mme Cécile Jodogne, ministre.- Je connais votre intérêt pour ce problème dont l'ampleur a été rappelée dans cet hémicycle à diverses reprises, souvent à votre initiative. Je crains de ne pouvoir faire état de grands progrès dans ce dossier depuis votre dernière interpellation. Le Plan d’action bruxellois de lutte contre la pauvreté prévoit, comme vous le savez, de soutenir financièrement l'aménagement des locaux de la Fondation Belta - l'organisation-mère de la Vlaamse Vereniging voor Respiratoire Gezondheidszorg en Tuberculosebestrijding (VRGT) et du Fonds des affections respiratoires (Fares) - afin d'y installer un dispensaire antituberculeux qui réponde aux besoins des patients et du personnel.
Le dispensaire a pour mission de réaliser le dépistage des contacts de patients tuberculeux, d'assurer le suivi des patients et de superviser le traitement des patients non compliants, d'offrir une aide administrative - démarches vis-à-vis des mutuelles, orientation vers différents services d'aide -, de réaliser un dépistage chez des personnes à risque référées par les partenaires, d'informer les patients sur la maladie, etc. L'espace est conçu pour faciliter le flux des patients et offrir un espace agréable tant pour l'attente que pour les consultations et la réalisation des tests de dépistage. Il accueillera également une unité d'hospitalisation de longue durée pour les patients tuberculeux. Le chantier ayant pris du retard, l'ouverture, initialement prévue en janvier 2019, pourrait être différée. Le groupe de travail technique consacré à la tuberculose, qui dépend du groupe de travail intercabinets sur la prévention, ne s'est réuni qu'une fois. Ses coordinateurs nous ont assuré qu'une nouvelle réunion serait bientôt programmée. Il n'y a donc pas eu de concertation intergouvernementale sur ce sujet.
Pour terminer néanmoins sur une note positive, vous avez sans doute appris que la ministre fédérale de la Santé publique est intervenue à l'ONU à la fin du mois de septembre pour présenter les bonnes pratiques en matière de lutte contre la tuberculose en Belgique. Elle a expliqué les mesures prises pour améliorer l'accès gratuit au diagnostic et au traitement, grâce à un plan d'accompagnement spécialisé et à des incitants. Le taux de réussite a ainsi pu rejoindre les normes internationales, et les taux d'abandon du traitement ont fortement diminué. Ce sont là les derniers éléments d'information dont je dispose sur cette problématique. Peu d'éléments nouveaux sont à relever depuis votre dernière interpellation.
Mme la présidente.- La parole est à M. du Bus de Warnaffe.
M. André du Bus.-J'ai suivi la déclaration de Mme De Block, il y a quelques semaines. Parler de bonnes pratiques est toujours intéressant, surtout quand on peut vanter celles de la Belgique. Cela étant, je ne sais pas si les chiffres actualisés de la tuberculose en Belgique démontrent que les bonnes pratiques produisent des effets quantitatifs. Il est un peu inquiétant que le groupe technique, censé formuler des recommandations et assurer le suivi au quotidien des mesures de prévention et d’accompagnement, ne se soit réuni qu'une seule fois. Dès lors, je vous invite, lors de la prochaine conférence interministérielle de la santé publique, à « ressusciter » ce groupe.
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