A l'heure du Brexit

Publié par andredubus le

C’est un principe d’une vérité évidente, au point qu’on ose à peine la transcrire, que la mer n’a jamais constitué une séparation entre les peuples. Au contraire, la masse liquide est un des véhicules essentiels des relations commerciales. Ainsi en fût-il aussi pour la Grande Bretagne et les régions qui devaient, dans la suite, constituer la Belgique. A peine se sont-elles éveillées à l’activité économique qu’un courant d’échanges ininterrompu  s’établit des rives de l’Escaut et de la Meuse à celles de la Tamise. Ce serait une lacune grave dans l’exposé des relations anglo-belges, au cours des siècles passés, que de ne pas réserver une place au trafic commercial. Celui-ci remonte à l’époque romaine, il est bien antérieur à la constitution de l’État des Pays-Bas1.

A cette heure précise où l’Angleterre largue les amarres du continent européen et que l’enjeu majeur tient dans la négociation de nouveaux accords commerciaux, il est difficile de ne pas se remémorer ces quelques lignes de Joseph Lefèvre, conservateur aux Archives Générales du Royaume, qui développait, au lendemain de la dernière guerre mondiale, le caractère historique et déterminant des liens entre nos deux pays. Et ce, malgré les mesures protectionnistes dont l’Angleterre s’est faite championne au cours des siècles. Au point que les économistes belges évoquaient déjà l’égoïsme britannique, ce qui ne les empêchaient pas de trouver des solutions, parfois dures. L’exemple du marché de la draperie est éloquent : à la fermeture du marché anglais aux draperies flamandes et brabançonnes, « le gouvernement de Bruxelles entrava, parfois même défendit totalement, l’entrée des draps anglais2». Ce qui força la recherche de nouveaux débouchés, avec succès, tout en développant par la suite d’autres relations commerciales et industrielles avec l’Angleterre. Gageons que l’avenir s’inscrira dans la continuité de l’histoire, avec toute la créativité et la détermination qu’exigent les circonstances actuelles, servies par le caractère immuable de la géographie : la mer n’a jamais constitué une séparation entre les peuples...

André du Bus


1 - Joseph Lefèvre, in L’Angleterre et la Belgique à travers les cinq derniers siècles, Éditions Universitaires-Les Presses de Belgique, 1946, 306p.

2 - Ibidem