Sortie annoncée du diesel : effets de la pollution atmosphérique sur la santé des Bruxellois

Publié par andredubus le
Question à Monsieur Didier Gosuin, membre du Collège réuni, compétent pour la politique de la Santé

M. André du Bus.- Les effets de la pollution atmosphérique sur la santé ne sont plus à démontrer. C'est une préoccupation largement partagée. Il y a quelques jours, avec certains collègues ici présents, notamment Claire Geraets, nous assistions à un colloque organisé par l'association Sacopar sur différents projets de santé déployés au niveau communal. Nous avons appris que dans certains pays, les projets relatifs à la santé s'articulaient entre autres autour de la lutte contre la pollution atmosphérique. C'est donc avec plaisir que nous avons pris connaissance, jeudi dernier, de la décision du gouvernement de sortir du diesel d'ici à 2030 et, à terme, de l'essence. Cette décision est cohérente avec les zones de basse émission. Existe-t-il des études et des statistiques démontrant le lien entre la pollution atmosphérique et l’augmentation des maladies pulmonaires ou cardiovasculaires ? A-t-on pu mesurer le phénomène à Bruxelles ?

M. le président.- La parole est à M. Gosuin.

M. Didier Gosuin, membre du Collège réuni.- Il existe bien entendu des études qui ont appuyé les plans air-climat, des années 2000, jusqu'au plus récent. Le dernier était soutenu par une série d'études internationales spécialisées, montrant les liens entre pollution, espérance de vie et mortalité, sans qu'évidemment de corrélation directe ne soit prouvée, puisque ce sont des faisceaux d'éléments qui interviennent. Des études montrent l'impact de ces mécanismes physiopathologiques. Par conséquent, dès 2002, en tant que ministre de l'Environnement, j'avais proposé une zone de basse émission en Région bruxelloise. J'ai dû attendre ce gouvernement-ci pour la mettre en place. Il faut des études très précises. Le diesel est un problème depuis toujours, mais les nouveaux moteurs à essence à injection directe m'inquiètent beaucoup aussi. Il est incontestable que cette nouvelle technologie, qui va se développer, risque d'avoir des effets aussi importants, si pas plus importants, que les diesels de nouvelle génération. Il faut donc mener à ce sujet une étude sérieuse et complète. C’est le sens de mes interventions, mais aussi la volonté du gouvernement : ce ne sera pas seulement une décision de principe, mais des actions précises suivront. Je vous renvoie à la récente étude de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), à celle, plus récente encore, d'Aphekom, qui a analysé l'état de pollution de onze villes, dont Bruxelles, ou à l'article de Catherine Bouland, qui met en évidence les liens entre ces mécanismes physiopathologiques et leur impact sur la santé. Sans qu'une étude médicale ait jamais prouvé de corrélation directe, il existe de fortes probabilités, comme pour le tabac. Celles-ci sont, à mon avis, aujourd'hui une évidence.

M. le président.- La parole est à M. du Bus de Warnaffe.

M. André du Bus.- Je sais évidemment que des études existent qui démontrent l'impact en question. Je me demandais s'il existait des études menées plus spécifiquement à Bruxelles.

M. Didier Gosuin, membre du Collège réuni.- L'étude Aphekom a analysé onze villes, dont Bruxelles.

M. André du Bus.- En tant que ministre chargé de la santé, vous devriez mettre en place un suivi des maladies pulmonaires et cardiovasculaires à Bruxelles. Dans dix ou quinze ans, il serait intéressant de démontrer avec précision que, grâce aux mesures prises, le taux de maladies pulmonaires est en diminution. Néanmoins, je suis bien conscient du fait qu'il s'agit de pathologies multifactorielles.

M. Didier Gosuin, membre du Collège réuni.- Sincèrement, je ne trouverais pas sérieux de mener une étude à l'échelle de la Région bruxelloise. Les études dont nous parlons sont menées au niveau international. Un monitoring est mis en place, notamment pour une série de maladies chroniques comme l'asthme. Je ne crois pas qu'il soit scientifiquement pertinent de travailler à une échelle aussi réduite que la nôtre. Faisons confiance aux grands instituts spécialisés en la matière.

M. André du Bus.- Je vous laisse à vos croyances.